Combien de kilomètres pour un pot de yaourt?

En 1993, une étudiante allemande a étudié le nombre de kilomètres parcourus par les différents ingrédients entrant dans la composition et le prix de vente final d'un pot de yaourt. Elle est partie d'un pot de yaourt aux fraises vendu à Stuttgart. Le verre a été fabriqué en Bavière à partir de tessons récupérés, de sable, de chaux, de zinc provenant de diverses régions d'Allemagne. Pour réunir les différents ingrédients, cela représente 546 km de transports. Pour emmener le pot fini à la coopérative de Stuttgart, il faut encore ajouter 260 km. Le lait a été récolté dans 5930 fermes à une distance moyenne de 36 km. Les fraises viennent de Pologne et ont parcouru 1246 km. Le sucre vient d'une raffinerie de betteraves située à 72 km. Les betteraves ont, elles, été récoltées à une distance moyenne de 35 km de la raffinerie. Les bactéries pour faire fermenter le lait viennent d'une usine au Nord de l'Allemagne à 917 km. Le couvercle en aluminium a été fabriqué dans une usine à 304 km à partir de bauxite extraite du sol à 560 km. L'étiquette sur le pot est imprimée à 314 km sur un papier qui a déjà parcouru 634 km. La colle pour l'étiquette vient de poudre de céréales issues des surstocks de l'Union européenne et a parcouru 419 km. Les pots sont conditionnés dans un emballage carton fabriqué à 647 km puis emballés dans un film plastique français qui a parcouru 408 km. Les lots obtenus sont transportés dans des cartons ondulés fabriqués à seulement 55 km. Le carton d'origine est importé d'Autriche (1048 km) et il est fermé par une colle venant du Nord de l'Allemagne (659 km), colle fabriquée avec des céréales en surstock à Hambourg (75 km de plus). Ces cartons sont ensuite distribués en magasin : le parcours moyen de l'usine au consommateur est de 668 km.

Au total, l'ensemble des ingrédients a parcouru 9115 km.

Source : http://sortirdeleconomie.ouvaton.org/brochure-porte-conteneurs.pdf

Commentaires

Un pot de yaourt est pourtant un produit simple, dont aucun élément de fabrication ne vient de l'autre bout de la planète. On songe à ce que donnerait la même étude reproduite à propos d'un produit comportant des circuits électroniques ou simplement un peu de textile. Par ailleurs, si l'étude s'attache à calculer les déplacements nécessaires à la fabrication du yaourt, elle ne prend pas en considération les moyens de ces déplacements. Or ces moyens (véhicules, carburant) sont eux-mêmes dépendants de chaînes logistiques longues, ce qui étend et généralise le problème abordé.

Au fond, cet article ne fait que réactiver l'idée bien connue que la valeur d'un bien n'est égale, à la valeur ajoutée intermédiaire près, qu'à la somme de travail qu'il a nécessité. Le transport, dont les conditions de possibilité résident dans la fabrication de véhicules et l'extraction de pétrole, n'échappe pas à cette règle. Au fur et à mesure que le pétrole devient plus difficile à détecter et à extraire, il en devient même l'un des principaux sujets.